Persécution
Sanctions
Les individus auteurs d’actes de persécution peuvent faire l’objet de sanctions pénales prévues à la fois par le droit humanitaire et par les droits de l’homme.
▸ Crime de guerre-Crime contre l’humanité ▹ Sanctions pénales du droit humanitaire ▹ Recours individuels
Consulter aussi
▸ Réfugié ▹ Refoulement (expulsion) ▹ Asile ▹ Crime de guerre-Crime contre l’humanité ▹ Mauvais traitements ▹ Torture et traitements cruels inhumains et dégradants ▹ Viol ▹ Discrimination ▹ Bien-être ▹ Droits de l’homme ▹ Cour pénale internationale (CPI) ▹ Tribunaux pénaux internationaux (TPI)
Jurisprudence
- Définition
La Chambre de première instance du TPIY dans le jugement Vasiljevic du 29 novembre 2002 (§ 246) précise que l’acte ou l’omission constituant le crime de persécution peut prendre diverses formes, et il n’y a pas de liste exhaustive des actes pouvant constituer une persécution. La décision Kvocka et al. , rendue par la Chambre de première instancedu TPIY, le 2 novembre 2001 (§ 186) donne cependant une liste non exhaustive d’actes pouvant constituer une persécution quand ils sont commis avec une intention discriminatoire : l’emprisonnement, la détention illégale de civils ou l’atteinte à la liberté individuelle, l’assassinat, la déportation, le transfert forcé, la saisie, la collecte, la ségrégation et le transfert forcé de civils dans des camps, la destruction collective de maisons et de propriété, la destruction de villes, villages et autres propriétés publiques ou privées, et le pillage de biens, les attaques contre les villes et les villages, le creusement de tranchées et l’utilisation d’otages et de boucliers humains, la destruction et l’endommagement d’institutions religieuses et d’éducation, et la violence sexuelle.
La Chambre de première instance du TPIY dans l’affaire Kordic et Cerkez rendue le 26 février 2001 (§ 212) souligne que l’auteur doit avoir commis son acte avec une intention discriminatoire qui se réfère à des bases raciales, religieuses ou politiques. Cette intention discriminatoire est un élément constitutif du crime de persécution.
Le jugement Tuta et Stela rendu par la Chambre de première instance du TPIY le 31 mars 2003 (§ 634) précise les conditions nécessaires pour que des actes de persécution puissent être qualifiés de crimes contre l’humanité. Il faut prouver que :
- l’auteur commet un acte ou une omission discriminatoire ;
- l’acte ou l’omission nie ou viole un droit fondamental consacré par la coutume internationale ou le droit des traités ;
- l’auteur commet son acte ou omission avec l’intention de discriminer sur des bases raciales, religieuses ou politiques ;
- l’auteur agit dans le cadre d’une attaque systématique et généralisée sur des personnes protégées.
Dans l’arrêt Simic´ (28 novembre 2006), la Chambre d’appel du TPIY souligne que des actes sous-jacents reviennent à des persécutions seulement s’il est déterminé que ces actes remplissent les critères (voir supra ) et atteignent un niveau de gravité équivalent aux crimes listés à l’article 5 du statut (crimes contre l’humanité).
- La persécution a une portée plus large que l’incitation
Dans le jugement Nahimana et al. (3 décembre 2003, § 1078), la Chambre de première instance du TPIR fait observer que « la persécution a une portée plus large que l’incitation directe et publique englobant l’apologie de la haine ethnique sous d’autres formes ».
- Il n’est pas nécessaire que chaque acte sous-jacent de persécution soit de gravité équivalente aux autres crimes contre l’humanité . L’effet cumulatif de tous les actes sous-jacents doit être d’une gravité équivalente aux autres crimes contre l’humanité
Dans l’arrêt Nahimana et al. (28 novembre 2007, § 987), la Chambre d’appel fait observer qu’« il n’est pas nécessaire que chaque acte sous-jacent de persécution soit de gravité équivalente aux autres crimes contre l’humanité : les actes sous-jacents de persécution peuvent être considérés ensemble. L’effet cumulatif de tous les actes sous-jacents doit être d’une gravité équivalente aux autres crimes contre l’humanité ». En outre, la Chambre considère qu’un discours de haine peut constituer un acte de persécution (§ 86). Elle réitère que l’intention discriminatoire est requise pour les actes de persécution (§ 985). Ce mens rea peut se déduire de preuves indirectes telles que la nature de l’acte et les circonstances qui l’ont entouré (voir Bagosora et al ., 18 décembre 2008, § 2208 et Bikindi, 2 décembre 2008, § 435).